Elle voit son fils parce que je le veux bien !
C’est son fils. Elle l’a désiré, attendu. Elle était là dans toutes les démarches, c’est même elle qui a appelé la clinique pour lancer le projet. Elle était là à toutes les écho, là au cours de préparation à l’accouchement. Elle a supporté mes hormones. Elle l’a câliné à travers moi. Elle lui a parlé, a choisi son prénom.
Elle nous a amené à l’hôpital cette fameuse nuit. Elle était là à m’encourager, me panser, m’aimer. Elle a poussé avec moi. Elle a coupé le cordon. Elle a filmé ses 1ers souffles. Elle a pleuré en souriant. Elle est allée le déclarer.
Elle est venue tous les jours à la maternité, elle lui a donné son 1er bain, elle a fait le plein à la pharmacie. Elle nous a ramené à la maison. Elle a fait les soins du cordon, elle a coupé ses ongles. Elle m’a aidé à le mettre au sein, elle lui a donné son 1er biberon. Elle a séché mes larmes de maman chantant le blues. Elle l’a changé, bercé, fait téter son petit doigt.
Elle était là à tous les contrôles médicaux. Elle a peint sa chambre, l’a porté en écharpe. Elle lui a acheté des vêtements, des jouets. Elle lui a donné ses vitamines et beaucoup d’amour. Elle a veillé, elle s’est fatiguée. Elle lui a fait faire l’avion le jour de ses 1 an. C’est son fils.
C’est son fils mais si elle a pu faire tout ça au quotidien et si elle peut continuer de le faire encore aujourd’hui ce n’est QUE parce que je le veux bien ! Rien d’autre, juste mon bon vouloir. Aucune loi ne protège leur relation. Aucun droit, aucun devoir, juste mon bon vouloir.
Nous sommes ses 2 parents pourtant, c’est sa maman, nous sommes même mariées. Reportez cette situation dans votre propre foyer, imaginez ça chez vous. Vous ressentez quoi ? Moi je ressens de l’injustice, de la colère, de la tristesse, beaucoup. Et si on se séparait et que je ne voulais pas qu’elle le revoit ? Et si je disparaissais ? Heureusement nous sommes un couple uni, nous sommes amoureuses et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour qu’elle puisse avoir accès à ces droits et ces devoirs.
Alors nous avons lancé la longue procédure d’adoption, colère et injustice encore mais « tout ce qui est en mon pouvoir » passe par là. Un jour ce sera donc légalement son fils, alors mon bon vouloir n’aura plus toute sa puissance, alors enfin un peu de cohérence, je serai sereine, enfin.
Spéciale dédicace à Merydoki qui m’a inspiré cet angle de vue, si juste !
Le kiné, puis la psy, à qui je racontais les débuts de notre croisade pour l’adoption, m’ont dit que c’était bien ce que je faisais, une belle preuve de confiance. Dur dur de leur faire comprendre que c’est juste normal, évident, juste. Ma femme est la mère de mes enfants, comme moi. Point.
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😉
Je suis dans la meme situation que ton amoureuse. Et c’est exactement ce qui me fait flipper : ma relation avec nos filles dépend uniquement de son bon vouloir…
Très touchant ce texte, merci.
Moi aussi je suis dans la situation de ta douce. A la différence près que ma femme n’a pas de passeport français, alors notre fils pourtant né en France non plus. L’adoption ne sera possible que si nous revenons habiter en France, ou alors dans quelques années, quand elle pourra acquérir la nationalité française par mariage et la transmettre à fiston. Et encore, rien n’empêchera les deux prunelles de mes yeux de se carapater un jour dans leur autre pays, qui n’est pas prêt de reconnaître le moindre lien entre nous. Au moins depuis le mariage je n’ai plus le droit de les abandonner lâchement sans ressource, c’est toujours ça de pris.
Pendant l’attente de la procédure d’adoption,
Relecture, toujours aussi émouvante
c’est marrant c’est ce que je viens faire aussi 🙂
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